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L’intelligence artificielle dans le milieu communautaire : soutien ou opposition?
Publié le jeudi 13 mars 2025
Au Centre St-Pierre, nous observons un phénomène qui se répand dans le milieu communautaire : l’intelligence artificielle (IA) s’invite progressivement dans les organismes que nous accompagnons. Des outils autoapprenants, déjà présents dans nos logiciels habituels – traitement de texte, outils de création graphique, messageries électroniques –, facilitent la rédaction de comptes rendus, la mise en forme de brouillons ou encore la création de contenus pour les réseaux sociaux. Ces solutions, accessibles gratuitement sur divers supports numériques, contribuent à alléger certaines tâches administratives, permettant ainsi aux équipes de se concentrer sur l’essence même de leur mission : prendre soin des personnes et défendre la justice sociale.
L’IA, une opportunité à saisir pour le milieu communautaire
Face à la demande croissante de services depuis la pandémie, conjuguée à la pénurie de main-d’œuvre et à la diminution des financements, les professionnel·les du secteur communautaire se retrouvent souvent submergés par leurs tâches. Dans ce contexte, l’IA représente une véritable bouffée d’oxygène. En automatisant des opérations chronophages – de la transcription des voix lors de réunions à l’élaboration d’un premier jet de courriel – ces outils offrent un gain de temps précieux. Ce temps retrouvé permet aux intervenant·es de recentrer leurs efforts sur l’humain et les enjeux de justice sociale, domaines que l’automatisation ne saurait remplacer.
De plus, l’IA joue un rôle d’alliée en matière d’accessibilité et d’inclusion. Par exemple, les assistants vocaux offrent une aide concrète aux personnes malvoyantes, et des outils de retranscription en temps réel facilitent l’accès à l’information pour tous. Chaque utilisation contribue également à l’enrichissement de cette technologie autoapprenante. Plus elle est sollicitée, plus elle se perfectionne. Dans un secteur en pleine transformation sociale, ignorer l’IA reviendrait à renoncer à participer à la construction d’une encyclopédie mondiale nourrie par les enjeux contemporains de justice et d’équité. En somme, l’adoption de ces outils relève autant d’un choix stratégique que d’une démarche d’intégration au sein d’un monde en perpétuel changement.
Les enjeux éthiques et les limites de l’IA
Cependant, il est crucial de souligner que l’introduction de l’IA soulève d’importantes interrogations. D’un point de vue éthique, cette technologie tend à remplacer progressivement des compétences, voire des métiers entiers, qui étaient jusqu’ici exclusivement humains. La dépendance croissante aux systèmes numériques interroge également notre résilience face aux aléas techniques, tels qu’une coupure de courant mettant en péril l’accès à notre « cerveau en ligne ».
La collecte massive de données, indispensable à l’apprentissage de ces outils, pose un autre problème majeur : la protection de l’information. Les instances juridiques et les mécanismes de sécurité peinent à suivre l’évolution rapide de l’IA, laissant planer des risques en matière de confidentialité. Par ailleurs, l’empreinte écologique des centres de données et la consommation énergétique de ces technologies ne sont pas négligeables dans le contexte d’un réchauffement climatique avéré. L’IA est par ailleurs nourrie par un ensemble de données issues d’une minorité d’utilisateurs, ce qui renforce le risque d’imprécision, de biais et de préjugés susceptibles d’enfermer nos réflexions dans des schémas limités.
Vers une utilisation raisonnée qui sert le communautaire
Face à ces dilemmes, le milieu communautaire se trouve à la croisée des chemins. L’envie de gagner en efficacité et de rester à la pointe se heurte aux impératifs de garder l’humain au cœur des préoccupations. L’IA, tout comme un couteau multifonction, est un outil qui peut être utilisé à bon ou à mauvais escient. Il revient donc à chaque organisme de peser soigneusement les avantages et les risques, et de définir une utilisation éclairée et responsable de cette technologie. En définitive, la question n’est pas de savoir si l’IA doit être adoptée, mais comment en tirer parti tout en préservant l’essence des valeurs communautaires.
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