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Module 1

Les différentes réalités et les enjeux présents de la CFTVP dans le milieu communautaire

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La définition de la CFTVP

Il existe de nombreuses définitions de la conciliation famille-travail-vie personnelle. Nous avons choisi de vous en présenter deux, celle du gouvernement québécois et la nôtre.

Selon le gouvernement

« La conciliation famille-travail-études (CFTE) se définit comme la recherche de l’équilibre entre les responsabilités et les exigences liées à la vie professionnelle ou scolaire, et parfois les deux, et la vie familiale. »

Selon Relais-Femmes et le Centre St-Pierre 

Nous vous proposons une définition « maison » qui explicite certains aspects importants de la CFTVP et qui correspond à notre vision de son importance dans la vie complète des individus  :

« La conciliation famille-travail-vie personnelle, c’est l’articulation individuelle et collective  des différentes sphères de nos vies, qu’elles soient d’ordre  familial, professionnel et personnel, tout en tenant compte que les exigences et les responsabilités en matière de conciliation vont évoluer selon les besoins et les réalités des personnes. »

La réalité et les enjeux des gestionnaires

La réalité des gestionnaires est de plus en plus complexe. En plus de devoir assumer les tâches qui sont liées à leurs fonctions, ils doivent aussi faire face à différents défis pour maintenir les services à la population.

Le recrutement et la rétention des employées inquiètent les coordinations et les directions d’organismes. Attirer la relève est difficile, car les salaires offerts ne rivalisent pas avec ceux du réseau de la santé et des services sociaux. Les emplois offerts sont souvent précaires dû au financement par projet. Faute de candidatures, un poste vacant signifie que la charge de travail retombera sur l’équipe en place, ce qui contribuera à l’épuisement du personnel. Cet épuisement cause de l’absentéisme à court et à long terme…. Ce qui nous ramène au point de départ: le manque de personnel pour offrir les services!

La question de la relève renvoie aussi aux départs à la retraite dans le milieu communautaire. Ces personnes quittent leur organisation avec des savoirs et de l’expertise qui ne pourront pas être transmis aux nouvelles employées.

Les gestionnaires ont à composer avec des équipes de travail multigénérationnelles qui ont des obligations et une vision du travail qui diffèrent. Dans ces circonstances, elles se doivent d’être équitables, justes et flexibles pour répondre aux besoins de toutes. En revanche, il faut aussi trouver un équilibre, souvent fragile, entre la réponse aux besoins des employées et les besoins de l’organisation.

Nombreuses sont les responsabilités des gestionnaires, mais gardons toujours en tête que ces dernières sont aussi des employées et qu’elles font face aux mêmes enjeux de conciliation famille-travail-vie personnelle!

Que vivent les employées?

On entend régulièrement les collègues de travail nommer qu’elles sont toujours à la course, que la vie va trop vite, qu’elles sont essoufflées, tout près de l’épuisement professionnel. Dans le milieu communautaire, l’addition de la complexification des problématiques des populations desservies, du sous-financement chronique des organismes et de la pénurie de main-d’œuvre laisse les équipes de travail à bout de force.

L’utilisation des technologies de la communication a rendu les frontières entre la vie familiale et la vie professionnelle plus poreuses. Comme il est maintenant possible de travailler à l’extérieur du bureau et hors des heures de travail, la pression à toujours être en mode professionnel peut devenir oppressante et nuire à la qualité du temps passé avec la famille et les proches.

Et même si dans les couples les diverses responsabilités sont partagées un peu plus équitablement, les stéréotypes de genre sont encore tenaces, il incombe encore aux femmes de planifier et d’organiser la vie familiale. Être proche aidante ajoute au lot d’obligations auquel celles-ci doivent faire face. Dans plusieurs ménages, on doit prendre soin des enfants et des proches qui nécessitent du soutien. Il y a également les médias sociaux qui nous renvoient un modèle de perfection impossible à atteindre, des images et un discours qui suggèrent qu’on peut tout faire, sans aucun effort. L’idéal à atteindre est inaccessible et laisse un arrière-goût de culpabilité.

Le conflit que génère la difficulté à articuler les responsabilités personnelles, familiales et professionnelles entraîne des répercussions chez les employées. La santé physique et mentale s’en ressent et le sentiment d’insatisfaction tant au niveau professionnel que personnel grandit. Dans un monde de plus en plus exigeant et performant, nous sommes en droit de nous demander jusqu’où nous irons pour articuler toutes les sphères de notre vie sans y laisser notre peau?

Les changements sociaux qui nous ont menés vers la CFTVP

Le Québec, comme bon nombre de pays industrialisés, a subi de nombreux changements socio-économiques qui nous ont menés à réfléchir à la question de la CFTVP.

Trois sphères sont à prendre en considération pour bien comprendre l’évolution des besoins des personnes et des familles.

Trois sphères : sphères familiale, personnelle et professionnelle

La sphère familiale

Au fil des décennies, la famille s’est transformée en profondeur. L’arrivée massive des femmes sur le marché du travail a changé l’organisation familiale. Dans la plupart des foyers, les deux adultes sont actifs professionnellement. Et cette situation affecte la charge de travail des femmes. Elles ont à porter une double tâche, le travail à l’extérieur du foyer, mais également les tâches domestiques et les soins aux enfants.

Bien que les hommes participent de plus en plus aux corvées reliées à la sphère familiale, le partage des diverses responsabilités est encore inégal. Encore aujourd’hui, les femmes consacrent plus de temps aux diverses tâches familiales, particulièrement lorsque le couple a de jeunes enfants.

Le portrait des familles a également changé. Les réalités familiales sont plurielles, les familles sont maintenant monoparentales, recomposées, issues de l’immigration, homoparentales, etc. Et chacune de ces familles doit composer avec différents défis.

Le vieillissement de la population doit être également pris en compte. Un grand nombre de femmes et d’hommes s’occupent de proches ayant besoin de soutien. Et encore une fois, les rôles et le temps consacré diffèrent selon le sexe en matière de proche aidance. Les femmes offriront davantage de temps et de soins de proximité aux personnes qu’elles soutiennent. Le temps qui est consacré à la proche aidance a une incidence sur l’emploi. Ainsi, de manière plus fréquente les femmes feront le choix d’une diminution d’heure au travail pour assumer leur rôle de proche aidante.

La sphère personnelle

On accorde de plus en plus d’importance aux études ainsi qu’au perfectionnement professionnel tout au long de la vie. Il n’est pas rare de rencontrer des personnes conjuguant des responsabilités professionnelles et familiales tout en étant encore sur les bancs de l’école. C’est aussi vrai dans nos organisations considérant que les exigences et les connaissances requises pour occuper certains postes dans le milieu communautaire sont de plus en plus élevées.

S’impliquer dans la communauté, siéger à un Conseil d’administration ou encore être bénévole ou militer pour une cause qui nous est chère, c’est important! Le milieu communautaire est témoin au quotidien des efforts et du temps consacré par des gens qui sont touchés par notre action et qui veulent contribuer de différentes façons.

Finalement, on accorde une place plus importante au développement personnel. L’accomplissement personnel ne se réalise plus seulement à travers de la réussite professionnelle ou familiale. On se rend compte que pour être bien dans les différentes sphères de nos vies, il faut tout d’abord prendre soin de soi.

La sphère professionnelle

Les changements dans les milieux de travail sont également significatifs. L’économie mondialisée demande plus de productivité, plus d’efficacité, plus de flexibilité. On voit apparaître de plus en plus d’emplois précaires, à temps partiel avec des horaires atypiques pour répondre à la demande d’une économie de services.

Le rapport au travail a aussi évolué. La place que le travail prend dans la vie des personnes et la valeur qu’on lui accorde a changé au cours du temps. Toutes générations confondues, on cherche à s’accomplir, à faire un travail porteur de sens, mais pas aux dépens de sa vie personnelle et sa vie familiale.

Tous les secteurs d’emplois doivent faire face aux difficultés de recrutement et de rétention du personnel. Avec le vieillissement de la population et les départs à la retraite, bon nombre de secteurs peinent à pourvoir les postes vacants faute de candidatures. Le milieu communautaire ne fait pas exception. Les conditions de travail précaires et les bas salaires qui y sont offerts ne sont pas des incitatifs à s’ancrer dans les organisations, les travailleuses ayant souvent le choix d’emplois mieux rémunérés et qui correspondent à leur scolarité et à leurs compétences.

La CFTVP sur une ligne du temps

Le Québec vers la conciliation famille-travail-vie personnelle

Les changements sociaux économiques des soixante dernières années ont amené l’État à légiférer afin de soutenir les personnes et les familles à conjuguer leurs diverses responsabilités. Depuis les vingt dernières années, entre autres avec la réforme de la politique familiale, le Québec a fait de grands pas pour se doter d’un modèle de conciliation qui s’apparente à celui des pays nordiques. Naturellement, les changements ne sont pas faits seuls. Il aura fallu la mobilisation des milieux communautaires, syndicaux et féministes pour permettre ces avancées.

Voici quelques dates marquantes qui font foi du chemin parcouru :

  • 1962
    Naissance du Conseil supérieur de la famille
  • 1971
    Instauration du congé de maternité de l’assurance-chômage (fédéral)
  • 1973
    Création du Conseil du statut de la femme
  • 1975
    Adoption de la Charte des droits et libertés de la personne
  • 1979
    Adoption de la Loi sur les normes du travail
  • 1981
    Loi sur la santé et la sécurité du travail (retrait préventif)
  • 1987
    Création du secrétariat à la famille et du Conseil de la famille
  • 1990
    Instauration du congé parental de 10 semaines de l’assurance-chômage (fédéral)
  • 1997
    Naissance du ministère de la Famille et de l’Enfance
  • 1997
    Première réforme de la politique familiale au Québec
  • 1997
    Mise sur pied du réseau des centres de la petite enfance (CPE)
  • 2006
    Mise sur pied du Régime québécois d’assurance parentale (RQAP)
  • 2010
    Normes sur la Conciliation famille travail du Bureau de normalisation du Québec
  • 2018
    Révision de la loi des normes du travail
  • 2018
    Mise sur pied de programmes financiers visant les milieux de travail et les milieux d’enseignement à élaborer des politiques de CFTVP
  • 2020
    Bonification du RQAP
  • 2020
    Loi visant à reconnaître et à soutenir les personnes proches aidantes (loi 56)
Poursuivre au module 2 : Avantages de la CFTVP