Implanter une politique de CFTVP : par où commencer? Les étapes à suivre
Les principes clés
Et si vous aviez déjà les clés pour rendre la bonification ou l’implantation de mesures de conciliation famille-travail-vie personnelle plus simple!?!
En effet, pour mener à bien la démarche de bonification ou d’implantation de mesures de conciliation famille-travail-vie personnelle, les organisations, ainsi que leurs membres, doivent s’entendre sur les principes qui les guideront au cours du processus.
Ces principes font souvent référence aux valeurs de l’organisme et devraient être connus de tous.
Pour chacune des clés mentionnées, voici quelques propositions qui pourront vous inspirer et qui seront susceptibles de vous servir de base en vue d’une discussion avec vos collègues.
- Souplesse : Une démarche qui transforme les façons de faire au sein d’une organisation demande une certaine capacité à s’adapter à de nouvelles réalités et de l’aisance face aux changements. Faire preuve de souplesse, être curieux et agile en période de transition seront des atouts qui vous permettront d'atteindre votre objectif.
- Confiance mutuelle : Travailler à l’amélioration des conditions de travail suppose que les différentes parties se fassent confiance et rament dans le même sens, c’est-à-dire au bénéfice de l’organisation. Faire preuve d’ouverture et d’honnêteté et se faire confiance facilitera l’engagement des personnes dans la démarche et permettra de faire avancer les choses dans un climat de collaboration.
- Écoute : Être à l’écoute des différents besoins qui sont nommés c’est important! Cela ne veut pas dire d’accéder aux demandes, mais plutôt d’être curieux et intéressé par le point de vue de l’autre. Écouter implique de se laisser influencer par l’opinion de l’autre et de l’influencer en retour.
- Créativité : Permettez-vous de sortir de la boîte, de ce qui est connu! Chaque organisme est unique et ses besoins en matière de CFTVP le sont aussi! Les propositions farfelues, les idées saugrenues peuvent être des solutions pour votre équipe.
- Proactivité : Dans le but d’avoir des mesures qui pourront s’appliquer longtemps, pensez-les en ayant en tête le cycle complet d’une personne employée dans votre organisme. Les besoins en matière de conciliation sont conjoncturels et changent au cours de la vie. Soyez prêtes à répondre aux différentes obligations des membres de l’équipe en offrant une variété de mesures, des études jusqu’à la retraite. La proactivité nous permet de réfléchir à des mesures ciblées pour attirer des personnes qu’on ne rejoint pas en tant qu’employeur. Pensons aux personnes issues de l’immigration ou encore les personnes en situation de handicap, par exemple.
- Équité : Se doter d’une politique connue favorise l’équité dans l’offre et la prise des mesures. S’il y a plusieurs classes d’emploi au sein de votre organisme: est-ce que toutes les personnes pourront bénéficier de toutes les mesures? Peut-être que non, selon les tâches à effectuer. Être équitable ne veut pas dire de se priver de mesures qui pourraient être utiles sous prétexte qu’elles ne peuvent être utilisées par tout le monde. L’équité et l’égalité ne sont pas des synonymes!
À vous maintenant de faire la liste des clés de votre organisation :
- Celles existantes et qui vont vous aider.
- Celles qui doivent être renforcées.
- Celles qui devraient être instaurées.
Les conditions gagnantes
Si vous désirez changer les manières de faire dans votre organisme, comme établir une politique de CFTVP, il est important de se préparer.
Voici quelques éléments préalables à réfléchir et/ou mettre en place, afin de maximiser le potentiel de succès de la démarche.
Se concentrer dans les discussions sur ce qui est négociable et envisageable. Il est donc important en début de processus d’avoir clairement défini les objectifs et les limites.
Tout au long du parcours, portez une attention particulière au climat dans lequel se déroule la démarche. Tous ont droit au respect de leurs positions et de leurs opinions. Créez un environnement où règnent la confiance et l’ouverture.
Toujours mettre en évidence les intérêts qui sont communs. La démarche vise l’amélioration des conditions de travail des personnes et le bon fonctionnement de l’organisme. En ayant cela en tête, il sera plus aisé de faire des concessions.
Soyez ouverts aux nouvelles idées, ne vous campez pas sur vos positions. Être capable de se remettre en question peut vous amener vers des solutions que vous n’auriez pas envisagées.
Viser les résultats qui seront satisfaisants pour tout le monde. La meilleure des politiques sera celle que l’équipe, la direction et le conseil d’administration trouveront juste. C’est ce qui lui conférera toute sa légitimité et facilitera son application.
Les étapes de la mise en place d’une politique de CFTVP
Source : démarche proposée par Au bas de l’échelle, « Cadre de référence pour vous aider à y voir plus clair et adopter de bonnes pratiques ».
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1
Former un comité
La formation d’un comité est un premier pas qui annonce le sérieux et l’intention de votre démarche : faire avancer les choses. Ce comité devra refléter la réalité de votre organisme. Y a-t-il différentes classes d’employées? Une diversité en ce qui concerne les postes? Une diversité en termes de genre? De génération?
Le comité doit être représentatif de toutes ces réalités. Cette diversité vous permettra de couvrir tous les angles. Naturellement, une ou plusieurs membres du conseil d’administration ainsi que la direction/coordination doivent en faire partie.
Une fois le comité formé, celui-ci devra s’entendre sur l’objectif à atteindre, les rôles et les responsabilités de chacune des parties.
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2
Consulter les employées
Les meilleures personnes pour vous parler des besoins actuels en matière de CFTVP sont les employées. Différentes méthodes peuvent servir pour une consultation : sondage, rencontre individuelle, rencontre de groupe.
Le sondage et les rencontres individuelles sont deux méthodes qui permettront aux personnes de vous faire part de leurs difficultés et de leurs besoins en toute confidentialité. Cela pourrait s’avérer utile si la culture organisationnelle n’est pas favorable.
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3
Dresser un portrait et en faire l’analyse
Vous avez une politique de conditions de travail? Une convention collective? Il est maintenant temps de répertorier ce qui est déjà en place comme mesures pour favoriser la CFTVP.
Dans plusieurs organisations, une partie des mesures de conciliation sont informelles. Ces mesures sont parfois aussi importantes que celles qui ont déjà été formalisées : le portrait devrait idéalement en tenir compte. Les intégrer à une politique permet de conserver ces avantages. Pour en faire l’inventaire, les employées et la direction/coordination vont vous être très utiles.
Présentez le portrait que vous avez préparé à l’équipe de travail. S’il y a eu des oublis, ou si certains points sont à préciser, cette rencontre vous aidera à bonifier la version finale de votre portrait.
Pour les besoins futurs de l’organisme, le comité devra se projeter dans l’avenir! Ce qui apparaît nécessaire comme mesure pour une équipe évoluera au fil du temps et avec les personnes travaillant dans l’organisme. Dans la mesure du possible, gardez en tête le cycle complet d’une employée, de son embauche jusqu’à son départ à la retraite. Tenez également compte des coups durs de la vie comme la maladie d’une personne proche, un accident grave, la mort d’un parent à l’étranger, etc.
Vous avez maintenant une idée plus claire de ce qui est déjà en place dans votre organisme, des besoins exprimés par les personnes qui y travaillent et une perspective pour l’avenir. À partir de ces éléments, le comité aura à prioriser les besoins nommés et à analyser la faisabilité des mesures à mettre en place pour y répondre.
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4
Présenter les résultats à l’équipe et au CA
À cette étape, le comité est en mesure de présenter au CA les fruits de son travail. Que ressort-il de la consultation avec l’équipe de travail? Quels sont les défis en matière de conciliation pour les personnes? Quelles sont les solutions envisageables? Soyez concrètes, offrez des exemples et parlez des différents bénéficies de chacune des mesures que vous proposez.
Soyez aussi prêtes à répondre aux questions et aux craintes de votre CA. Les inquiétudes peuvent se situer à plusieurs niveaux : le coût lié à certaines mesures proposées, l’impact sur l’organisation du travail ou encore l’incidence qu’auront les mesures sur les services offerts, etc. La présentation des résultats est une première étape à l’adoption d’une politique. D’autres interrogations surgiront au fil du processus. Pas besoin d’avoir toutes les réponses : il faut être rassurant et inspirant! L’objectif est de donner au CA un portrait réaliste de la situation et des solutions qui peuvent améliorer la CFTVP.
Proposez un échéancier de travail réaliste au conseil d’administration.
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5
Adopter la politique
Pour être conforme, il faudra que le CA adopte la politique en validant chacune des mesures qui seront implantées. Cette étape peut être longue et prendre plusieurs sessions de travail de la part des administratrices. Pour que le processus ne soit pas remis aux calendes grecques, le CA devra se donner un délai de 3 à 6 mois. Une fois la politique adoptée, c’est maintenant le temps de la présenter aux équipes de travail.
Il est probable que plusieurs des mesures qui ont été proposées par le comité ne se retrouvent pas dans la politique pour diverses raisons. Gardez ces mesures : elles pourraient servir durant la révision de la politique.
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6
Réviser la politique
Pour s’assurer qu’elle réponde toujours aux besoins des employées, la politique doit être évaluée et révisée de façon régulière. C’est une question sur laquelle le comité pourra se pencher lors de ses travaux. Il peut être simple de combiner cette révision avec celle d’autres outils de gestion RH de l’organisme.
Conseil de pro
Pour que la démarche reste vivante, gardez votre équipe et les membres du CA au courant à chacune des étapes en les impliquant!
Les mesures, ça coûte cher? Pas toujours!
Le répertoire des bonnes pratiques et des mesures inspirantes
Vous êtes maintenant prête à entreprendre la rédaction de votre politique de conciliation famille-travail-vie personnelle et vous souhaitez découvrir les mesures possibles, avec ou sans coûts pour votre organisme. Inspirez-vous de notre répertoire de bonnes pratiques et de mesures identifiées au sein des groupes communautaires pour créer une politique attrayante et adaptée à votre personnel d’aujourd’hui et de demain!
Dans le répertoire ci-dessous, vous verrez le symbole . Ce symbole vous invite à considérer le coût que cette mesure pourrait engendrer pour votre organisation. Notez que plus la mesure est dispendieuse, plus grand est le nombre de symboles.
La loi sur les normes du travail prévoit qu’une personne salariée a le droit de refuser de travailler si elle n’a pas pu prendre connaissance de son horaire de travail au moins 5 jours à l’avance, sauf lorsque la nature de ses fonctions exige qu’elle demeure disponible.
Dans les groupes communautaires, la pratique d’informer les employées de leur horaire de travail à l’avance est courante et le délai est souvent bien plus grand que les 5 jours préconisés par la loi… mais ce n’est pas le cas dans tous les milieux!
L’organisation de l’horaire de travail quotidien d’un organisme doit tenir compte des besoins des personnes qu’il rejoint, mais aussi de la réalité des personnes salariées et parfois des bénévoles qui offrent les services.
Horaire variable : il permet à la personne salariée de choisir ses heures d'arrivée et de départ, tout en respectant le nombre d’heures hebdomadaire prévu à son contrat.
Horaire fixe au choix : il s’oppose à l’horaire variable puisque l’horaire est fixe. Cependant, on peut tout de même offrir de la flexibilité pour 1 ou 2 journées déterminées dans la semaine où la personne salariée pourrait choisir un autre horaire fixe.
Exemple : les lundis, mardis, mercredis, Maria travaille de 8 h à 16 h et les jeudis et vendredis, elle travaille de 10 h à 18 h, car elle est responsable de la fermeture de l’organisme.
Horaire fixe et horaire variable : il s’agit de la combinaison des deux systèmes précédents, la personne salariée doit respecter un horaire fixe pour certaines journées déterminées par l’organisation et pour les autres jours, l’employeur lui offre un horaire variable.
Exemple : les lundis, mardis, mercredis, Roger travaille de 9 h à 17 h et les jeudis et vendredis, il peut organiser son horaire comme il le souhaite.
Horaire à la carte : il ne convient pas à tous les secteurs du communautaire. Il permet à la personne salariée de choisir ses heures d’arrivée et de départ dans une fourchette de temps déterminée par l’organisation, tout en respectant le nombre d’heures hebdomadaires prévu à son contrat.
Exemple : Au sein de son organisation, Gabriela est libre d’arriver au travail entre 7 h 30 et 10 h et de partir entre 15 h 30 et 18 h, dans la mesure où elle effectue ses 32 heures hebdomadaires.
L’organisation de l’horaire de travail hebdomadaire d’un organisme peut également être repensée selon différents modèles afin de permettre plus de souplesse et de flexibilité au personnel.
Semaine comprimée : elle permet de réduire le nombre de jours travaillés par la personne salariée, en augmentant la durée quotidienne du travail.
Exemple : Éli effectue ses 32 heures en 4 jours au lieu de 5 jours.
Semaine comprimée l’été : elle permet d’offrir la possibilité aux personnes salariées de comprimer leur horaire l’été durant une période déterminée par l’employeur (6-10 semaines). C’est une pratique courante dans les groupes communautaires, car ils rencontrent pour la plupart un ralentissement de leurs activités durant la période estivale.
Semaine en alternance ou étalement des heures à la demande de la personne salariée (entente individuelle) : elle permet d’équilibrer l’horaire hebdomadaire de travail sur 2 semaines ou plus pour accommoder, par exemple, les familles monoparentales. Il s’agit alors d’une entente individuelle qui ne nécessite pas d’autorisation de la CNESST. Contrairement aux idées reçues, cette organisation du temps est aussi possible avec des milieux de production ou offrant des services directs. (Pour en savoir plus : Étalement des heures de travail – CNESST)
Exemple : L’horaire habituel de Judith est de 35 h/semaine. Depuis sa séparation, elle a la garde partagée de ses enfants 1 semaine sur 2. Afin de l’accommoder, son employeur lui permet de travailler 32 heures quand elle a ses enfants et l’autre semaine, elle travaille 38 heures.
Horaire d’été : il diffère légèrement de la semaine comprimée l’été puisqu’il permet à la personne salariée de réduire son nombre d’heures travaillées l’été durant une période déterminée par l’employeur (6-10 semaines), tout en étant rémunérée selon son horaire habituel hebdomadaire.
Exemple : Alex travaille habituellement 35 heures par semaine, mais durant l’été, son employeur permet au personnel de travailler 32 heures par semaine, tout en étant rémunéré 35 heures du 24/06 au 31/08.
Au sein d’une organisation, les besoins du personnel évoluent tout au long de leur carrière au gré de leur trajectoire de vie. Il peut être souhaité par certaines personnes de réduire temporairement ou durablement leur horaire de travail pour mieux concilier toutes les sphères. Il est fréquent de constater que les organismes communautaires et les groupes de femmes permettent des accommodements au personnel qui en fait la demande pour réduire ou augmenter son horaire de travail. Toutefois, ce sont souvent des décisions prises « à la pièce » puisque ces mesures sont rarement identifiées dans les contrats de travail, les conventions collectives ou les politiques de condition de conciliation. Il importe alors de formaliser cette pratique pour éviter de créer des iniquités entre les employées. De plus, dans le cas d’un retour à l’horaire habituel ou de l’augmentation de l’horaire de travail, il serait important de préciser que la mesure est conditionnelle aux capacités financières de l’organisme.
Programme de retour progressif après un congé (congé de maladie, congé de compassion, congé de maternité/paternité, congé parental, congé pour un décès, etc.) : lors d’un retour au travail après un congé de maladie, il arrive que la recommandation de retour au travail comporte certaines restrictions permanentes ou temporaires. L’employeur a alors l’obligation d’accorder un accommodement à la personne salariée comme un retour à temps partiel. Cette obligation n’est pas prévue dans la loi pour les autres congés tels que le congé de compassion, le congé parental et le congé paternité/maternité, mais en pratique, les organismes font souvent preuve de souplesse dans ces circonstances particulières pour faciliter le retour au travail de leur personnel.
Programme de réduction ou d’augmentation des heures de travail pour les parents, les personnes proches aidantes, pour les personnes effectuant un retour aux études, etc.
Programme de préretraite : l’employeur peut offrir différentes mesures qui peuvent porter sur la rémunération, le temps de travail ou sur la retraite progressive avec une réduction progressive du temps de travail. (Pour en savoir plus : La retraite progressive – Gouvernement du Québec)
Selon la loi sur les normes du travail, les heures supplémentaires sont normalement payées, mais il est possible que l’employeur et l’employée concluent une entente pour les placer dans une banque d’heures accumulées afin de reprendre ce temps ultérieurement. Cette pratique est courante au sein des organismes communautaires.
Avantages :
- Meilleure planification du temps et des activités personnelles avec le travail (exemples : les rendez-vous médicaux, la garde des enfants, les soins à des proches, etc.).
- Vivre une transition harmonieuse entre le travail et certains événements de la vie (naissance, décès, études, parentalité, proche aidance, retraite, etc.).
- Sentiment d’autonomie des personnes salariées (augmente l’estime de soi).
- Responsabilisation et valorisation des personnes salariées puisque l’essentiel, c’est que le travail soit fait.
- Reconnaissance des réalités plurielles vécues par le personnel et fidélisation des employées.
- Augmentation de l’estime de soi et du sentiment d’appartenance.
- Mesures de conciliation peu coûteuses pour l’organisation.
Inconvénients :
- Réduction des occasions de contacts entre les personnes salariées (prévoir des plages horaires communes).
- Augmentation du stress chez les personnes salariées.
- Sentiment de perte de contrôle de l’employeur sur les activités des personnes salariées.
- Difficulté de gestion pour l’employeur qui doit composer les horaires de travail en tenant compte des besoins spécifiques de l’ensemble du personnel, mais aussi des besoins de l’organisme.
La CNESST définit le télétravail comme une forme d’organisation du travail selon laquelle les employées effectuent leurs tâches de travail à partir de leur domicile ou d’un autre lieu désigné, en utilisant les technologies de l’information. Il peut s’effectuer de manière occasionnelle ou régulière, à temps partiel ou à temps plein.
Il est important de noter que cette pratique doit être encadrée par une politique de télétravail afin de fournir des balises claires sur les responsabilités qui incombent aux gestionnaires et aux employées en matière de gestion, de communication, de protection de l’information, de santé et de sécurité du travail.
Dans les groupes communautaires, la pratique du télétravail s’impose de plus en plus comme une nouvelle pratique complémentaire pour mener à bien nos actions. Contrairement aux idées reçues, cette mesure peut être offerte à de nombreux corps de métier que ce soit de manière occasionnelle ou régulière. En effet, les tâches de planification, de rédaction, de préparation d’animation, de consultation individuelle ou de formation en ligne, pour ne nommer que ces exemples, sont des tâches qui peuvent être réalisées facilement en télétravail.
Le télétravail n’est pas une mesure sans coût. Idéalement et selon ses capacités financières, l’organisme devrait rembourser tout ou en partie les dépenses suivantes qui sont prises en charge par les personnes salariées :
- les frais de communication (internet, cellulaire, etc.);
- les frais de bureau (indemnité journalière pour l’espace de travail utilisé);
- les frais d’aménagement du bureau (chaise ergonomique, support d’écran, ordinateur portable, imprimante, etc.).
Pour en savoir plus :
L’employeur permet, à la demande de ses employées, d’effectuer une partie ou la totalité de leur travail dans un bureau satellite (si lieu), ou le bureau d’un partenaire, situé plus près de la résidence que le lieu de travail de l’organisation.
Avantages :
- Réduction du temps et des frais de déplacement.
- Souplesse dans l'organisation des tâches quotidiennes.
- Meilleur équilibre entre le travail et la vie personnelle.
- Réduction des frais de bureau pour l’organisation en cas de télétravail permanent.
- Milieu de travail plus inclusif pour répondre aux besoins des employées en situation de handicap et pour offrir de meilleurs emplois à des personnes situées dans des régions éloignées de nos bureaux.
- Augmentation de notre offre de services pour rejoindre des participantes en situation de handicap, de régions éloignées, etc.
- Réduction de l’empreinte environnementale.
Inconvénients :
- Isolement de l'employée.
- Danger de travailler un nombre d'heures excessif.
- Plus de distractions venant de la famille.
- Manque de distinction entre le personnel et le professionnel.
- Perte des moments informels au sein de l’équipe de travail.
- Difficulté de maintenir une communication efficace au sein de l’équipe de travail et entre le gestionnaire et les employées.
- Risque de blessures si le bureau à domicile est mal aménagé.
La loi sur les normes du travail prévoit une durée et une indemnité pour les vacances annuelles, selon la durée du service continu. Dans les groupes communautaires, les vacances annuelles sont souvent plus généreuses et les modalités pour les prendre sont plus souples.
Durée et indemnité supérieures :
- Vacances annuelles de 3, 4 ou 5 semaines, avec les indemnités respectives de 6 %, 8 % et 10 % dès la première année.
- Vacances supplémentaires après 5 ou 10 ans d’ancienneté, généralement 1 semaine avec une hausse de l’indemnité de 2 %.
- « En moyenne et par organisme communautaire, on offre [...] un maximum de cinq semaines de vacances annuelles obtenues après six ans d’ancienneté au sein de l’organisme. »*
Modalités pour prendre les vacances annuelles :
- Flexibilité dans le choix des vacances (pas de période imposée).
- Morcellement et aménagement des vacances en fonction des besoins familiaux et personnels.
- Possibilité de les prendre par anticipation.
Pour en savoir plus :
*Source : Enquête Repères du CSMO-ÉSAC (2018)
Dans les groupes communautaires, il est fréquent que les organismes soient fermés 1 ou 2 semaines durant le temps des fêtes de fin d’année. Dans la pratique, il est fréquent que l’employeur rémunère ces congés pour éviter au personnel d’utiliser ses semaines de vacances annuelles ou de subir une perte de salaire.
Au Québec, les personnes salariées ont droit à 8 congés fériés payés qui sont définis par la CNESST afin de commémorer un événement civil ou religieux. Lors d’un jour férié, les personnes salariées ont droit à un congé et à une indemnité.
Cependant au sein des organismes communautaires, on observe les pratiques suivantes qui bonifient le minimum prévu par la loi et les modalités d’utilisation :Congés fériés supplémentaires : il est fréquent de constater que les groupes ajoutent un ou plusieurs congés fériés qui ne sont pas prévus par la loi, afin de refléter la mission de leur organisme, les croyances et les origines du personnel ou encore à titre symbolique.
Exemples :
- le 8 mars pour la Journée internationale des femmes;
- le 30 septembre pour la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation;
- l’anniversaire de la personne salariée;
- les fêtes religieuses (l'Aïd-el-Kebir, Yom Kippour, etc.);
- etc.
Congés fériés déplaçables à la demande de l’employée : selon les croyances ou les souhaits personnels, certains employeurs du communautaire permettent à leur personnel de travailler un jour férié et leur accordent le congé reporté à la date désirée. La personne salariée aura donc droit à une journée de congé payé, à une autre date que celle du jour férié. Toutefois, il doit être pris dans les 3 semaines qui précèdent ou suivent le jour férié pour respecter la loi sur les normes du travail (sauf pour la fête nationale).
Pour en savoir plus :
Les congés mobiles ne sont pas prévus par la loi sur les normes du travail, mais ils sont une pratique courante au sein des organisations communautaires et s’apparentent parfois aux fériés supplémentaires. Toutefois, le nombre de congés et les modalités d’utilisation diffèrent d’un groupe à l’autre.
Généralement, il s’agit d’un congé qui permet une absence rémunérée pour laquelle aucune date n'est arrêtée à l'avance et sans justification à fournir à son employeur. Il peut donc être utilisé pour souligner un événement jugé important par la personne salariée (anniversaire, fête religieuse, etc.), ou pour faire face à une urgence familiale ou personnelle.
À l’inverse, certains employeurs vont fixer la ou les dates des congés mobiles pour l'ensemble du personnel ou l’accorder pour des occasions prédéterminées (anniversaire de la personne salariée, tempête de neige, etc.).
Pour en savoir plus :
La loi sur les normes du travail prévoit seulement 2 jours payés en cas de maladie ou d’accident non lié au travail, sans compter que ce temps est à partager avec les autres motifs suivants : absence pour obligations familiales, absence en raison d’un don d'organes ou de tissus, absence à la suite de violence conjugale ou à caractère sexuel ou d'un acte criminel.
Au sein des groupes communautaires, les contrats et les politiques de travail offrent généralement un plus grand nombre de congés de maladie payés qui peut aller de 5 à 12 jours selon les groupes.
On observe également plusieurs appellations distinctes :
- Congé maladie : il est accordé pour des raisons reliées à la santé de la personne salariée (maladie ou blessure non professionnelle).
- Congé santé : il est accordé pour des besoins de santé divers de la personne salariée (maladie, santé mentale, pause psychologique, bien-être, prévention, etc.).
- Congé personnel : il est accordé à la personne salariée pour des besoins divers sans avoir à fournir des explications ou un billet médical à son employeur.
« Les congés de maladie sont cumulables dans 68 % des organismes communautaires [...]. Ces congés sont monnayables dans 32 % des organismes communautaires. »*
Pour en savoir plus :
*Source : Enquête Repères du CSMO-ÉSAC (2018)
La CNESST prévoit un certain nombre de congés liés à la famille. Cependant, les groupes communautaires sont nombreux à avoir élargi ces congés aux proches et aux camarades, en plus de bonifier le minimum prévu par la loi. Voici quelques exemples ci-dessous :
Congé de maternité, de paternité, d’adoption et parental : il est possible de prévoir des congés supérieurs à la loi et d’offrir aux employées un complément financier au Régime québécois d’assurance parentale (RQAP) pour leur permettre de maintenir un revenu décent tout au long de leur congé.
Exemple : Olivier a partagé le congé parental avec sa conjointe. Lorsque les prestations de son congé parental seront diminuées à 55 % de son revenu, son employeur lui offre un complément de 15 % pour lui permettre de conserver un revenu de 70 % jusqu’à la fin de son congé.
Congés pour les responsabilités familiales ou pour prendre soin d'une personne proche : la loi sur les normes du travail prévoit 10 jours de congés, dont seulement 2 jours rémunérés. Dans la pratique, les groupes communautaires et de femmes accordent 5 à 10 jours de congés payés.
Congés pour un déménagement (1 à 2 jours payés selon la distance)
Congés pour un mariage ou une union civile (1 à 2 jours payés)
Congés en cas de divorce ou de séparation (1 à 2 jours payés)
Congés pour deuil : la loi sur les normes du travail prévoit un congé pour deuil aux employées dans le cas du décès d’un membre de leur famille proche ou de leur famille élargie. Les organismes communautaires bonifient généralement le nombre de jours payés en plus d’accorder 1 ou 2 jours supplémentaires payés pour les événements qui exigent un déplacement de plus de 500 kilomètres aller-retour.
Congés de compassion : il permet à une personne salariée d’accompagner un membre de la famille proche, de la famille élargie et d’un ami en fin de vie. L’employée est admissible à des prestations de l’assurance-emploi correspondant à 55 % du revenu de la personne salariée. L’employeur a la possibilité d’offrir une compensation financière. L’organisation offre à son personnel un congé de compassion pour l’accompagnement d’un membre de la famille proche, de la famille élargie et d’un ami.
Complément financier pour les prestations de proche aidance : il permet à une personne salariée d’accompagner un membre de la famille proche, de la famille élargie et d’un ami en fin de vie. L’employée est admissible à des prestations de l’assurance-emploi correspondant à 55 % du revenu de la personne salariée. L’employeur a la possibilité d’offrir une compensation financière.
Congés à la suite d’un acte criminel ou d’un suicide (bonifier le minimum prévu par la loi)
Congés pour une interruption de grossesse directe ou pour l’interruption de grossesse de sa conjointe (1 à 5 jours)
Congés pour des situations de violence conjugale (1 à 10 jours)
Pour en savoir plus :
- Congés liés à la famille – CNESST
- Situations particulières – CNESST
Les organismes communautaires sont nombreux à offrir la possibilité d’obtenir un congé sans solde à leur personnel ayant des besoins de conciliation famille-travail-vie personnelle.
Le programme de congé à traitement différé ou autofinancé permet à une personne salariée de voir son traitement salarial réduit et étalé sur une période déterminée, afin de pouvoir bénéficier d'un congé de longue durée et rémunéré selon l’entente signée entre l’employeur et l’employée.
Exemple : Avec l’accord de son employeur, Sylvia signe une entente de congé à traitement différé pour une période de 2 ans. Durant cette période, son traitement salarial sera réduit à 75 % et le 25 % retenu par l’employeur permettra de lui accorder un long congé de 6 mois rémunéré.
Dans certains pays européens, le don de congés entre les employées est prévu par la loi. Ce n’est pas le cas au Québec, mais les employeurs peuvent instaurer cette mesure et l'inclure dans leur contrat ou leur politique de travail. Cette mesure est en cohérence avec les valeurs de solidarité du communautaire puisqu’elle permet au personnel d’une organisation de donner anonymement un ou plusieurs jours de congés (vacances, maladie, etc.) à un ou une collègue qui vient de perdre un proche ou qui accompagne un proche en fin de vie (conjoint ou conjointe, enfant, parent, etc.).
Avantages :
- Meilleure gestion des imprévus et des situations d’urgence ou particulières avec le travail (exemples : maladie des enfants, décès, naissance, etc.).
- Reconnaissance et atténuation de la précarisation des personnes salariées lors de certains événements de leur vie (maternité, parentalité, proche aidance, etc.) .
- Offre du répit et du temps aux personnes avec leur famille et leur proche.
- Reconnaissance des réalités plurielles vécues par le personnel et fidélisation.
Inconvénients :
- Besoin de personnel supplémentaire pour remplacer les personnes en congé ou surcharge de travail sur le reste de l’équipe.
- Abus des mesures par les employées (craintes des gestionnaires).
- Mesures de conciliation souvent coûteuses.
- Assurances collectives
- Programme d’aide à l’emploi
- Régime de retraite, RVER, REER
- Remboursement ou soutien financier (personnel et bénévoles) pour :
- les frais de garde des enfants d'âge préscolaire;
- les frais de garde des enfants d'âge scolaire;
- les frais de présence ou de surveillance des personnes adultes à autonomie restreinte permanente ou temporaire.
- Fonds d’aide au personnel et avances monétaires
- Contribution financière et dégagement de temps pour un retour aux études
- Autres services ou biens offerts aux employées :
- un traiteur sur les lieux de travail;
- une garderie en milieu de travail;
- un congélateur avec des plats préparés;
- un service au bureau de changement de pneus (2 fois/an);
- un service au bureau pour l’achat de matériel scolaire en gros (1 fois/an);
- services de nettoyeur;
- service de massothérapie;
- service sportif (salle de sport, cours de yoga, etc.).
Avantages et inconvénients de ces mesures
Avantages :
- Reconnaissance et atténuation de la précarisation des employées selon leurs réalités personnelles.
- Réalisation d’économie d’échelle.
- Diminution de la charge mentale en offrant des services et des biens au bureau.
- Réduction de l’empreinte environnementale.
Inconvénients :
- Besoin d’espace supplémentaire pour certains biens et services.
- Empiètement des activités sur les heures de travail.
- Mesures de conciliation souvent coûteuses.
- Mesures nécessitant de la logistique ou de l’organisation.
Le personnel fait de la rotation d’emploi lorsqu’il change régulièrement de postes selon un ordre cyclique et un rythme prédéfini. Au sein des groupes communautaires, il peut être un atout pour de petites équipes de travail qui désirent partager les compétences et développer la polyvalence du personnel afin de pouvoir pallier l’absence d’une membre de l’équipe.
Les employées peuvent librement échanger des quarts ou des journées de travail entre elles avec l’approbation de l'employeur. Ce modèle reconnait l'importance d'accorder une souplesse et une flexibilité dans les horaires de travail de son personnel, tout en répondant à la fois aux préoccupations de l'employeur qui doit s’assurer d’offrir les services.
Le travail partagé consiste à diviser entre deux personnes salariées ou plus le temps de travail relatif à un même emploi. On observe trois formes de partage du travail :
- La responsabilité partagée : les personnes salariées qui partagent l’emploi ont alors les mêmes tâches. Cet arrangement suppose une bonne coordination et une communication efficace entre les employées.
- La responsabilité fractionnée : elle implique obligatoirement un type d’emploi qui permet une division des tâches.
- Aucun partage de responsabilités : les tâches sont totalement différentes et cette organisation ressemble alors à l’emploi de deux travailleuses à temps partiel.
Le partage du travail constitue un avantage pour l’employeur. Il lui permet de bénéficier de deux types d’expérience et de compétence pour le même emploi et de faciliter un transfert de connaissances d’une travailleuse plus âgée (préretraite) à une plus jeune (jeune parent, étudiante) lorsqu’un tel jumelage est réalisé. Cette organisation du travail peut aider à faire face aux périodes de pointe en accroissant les ressources disponibles. Elle permet également d’assurer une continuité lors de l’absence d’une employée.
Les équipes volantes sont habituellement constituées pour effectuer des remplacements là où leur présence est requise ou pour faire face à certaines situations d'urgence. Contrairement au personnel à temps partiel et sur appel, les personnes salariées qui composent les équipes volantes bénéficient d’un nombre d’heures garanti qui leur assure un revenu fixe. Ce type de poste peut répondre aux besoins des personnes encore aux études, par exemple.
Le travail par roulement consiste à attribuer des horaires différents ou des journées de repos hebdomadaire différentes à des salariés exerçant la même activité, afin d’alterner la responsabilité de l’ouverture et de la fermeture de l’organisme, mais également pour répartir équitablement le travail de soir ou de fin de semaine au sein de l’équipe de travail.
Le droit à la déconnexion n’est pas encore reconnu dans la loi sur les normes du travail. Il s’agit du droit d’une employée de ne pas rester joignable en permanence pour des raisons en lien avec son travail (téléphone intelligent, textos, messages vocaux, courriels, Internet mobile, notifications de réseaux sociaux). L’objectif est de garantir le respect des temps de repos et de congés, de la vie familiale et personnelle des personnes et plus largement de protéger la santé et le bien-être du personnel.
Exemples de mesures :
- interdire ou bloquer l’accès aux courriels le soir et la fin de semaine;
- s’assurer régulièrement que la charge de travail de l’employée est raisonnable et permet une bonne répartition dans le temps de son travail;
- charte d’utilisation ou guide de bonnes pratiques de la messagerie et des outils à distance.
Pour en savoir plus : Limiter ou non la connexion : quelles pratiques à mettre en place? – Carrefour RH
Des outils pour vous guider dans l’élaboration d’une politique de CFTVP
Pour vous assurer de la pérennité des mesures de CFTVP, il est judicieux de se doter d’une politique en bonne et due forme.
Cette politique, en plus de faire connaître aux employées votre engagement en matière de CFTVP, vous permettra de formaliser les mesures, d’établir des balises claires et d’être équitable envers toutes. Comme chacun des groupes à ses particularités et ses réalités, la politique doit être à votre image, reflétant votre couleur et les valeurs de votre organisme.
Que doit contenir cette politique?
- Une page titre qui indique l’entrée en vigueur de la politique
- Les objectifs de la politique : que vise-t-elle et quelles sont les valeurs qui y sont associées?
- La portée de la politique : à qui s’adresse la politique?
- Votre définition de la CFTVP
- Les mesures incluses dans la politique. Nous vous suggérons la classification habituellement utilisée lorsqu’il est question de CFTVP.*
- La personne/le comité responsable de l’application de la politique
- Le moment pour réviser la politique
*Consultez la classification utilisée par Au bas de l’échelle
La politique doit obligatoirement répondre aux minimas des différentes lois et normes qui régissent le travail ou encore, ne pas contrevenir aux conditions qui ont été conventionnées dans les milieux syndiqués. Elle doit être écrite dans un langage simple et clair qui évite l’interprétation. Elle doit également s’adresser à toutes, être appliquée sans discrimination, avec uniformité.
Exemple de politique de CFTVP
Pour vous inspirer, voici un modèle de politique de conciliation famille-travail-vie personnelle. Ce canevas pourra vous servir de base de discussion. Agrémentez-le afin qu’il vous ressemble!
Sonder votre équipe
Les personnes les mieux placées pour brosser un portrait des difficultés liées à la CFTVP sont les personnes œuvrant au sein de l’organisme. Elles peuvent aussi être d’une aide précieuse pour identifier les besoins actuels.
Exemple de sondage
Nous vous proposons un questionnaire que vous pourrez enrichir selon la réalité et les enjeux de votre organisation.
Vidéo à écouter : Pour des pratiques solidaires et équitables en matière de conditions de travail
Les conditions de travail en alphabétisation populaire : des exemples pour soutenir des démarches pour améliorer les conditions de travail dans un groupe.
Des ressources à consulter
Ministère de la Famille – Dossier Conciliation
famille-travail-études
Programmes de soutien financier
Outils et références
Observatoire des tout-petits
Dossier conciliation famille-travail
Regroupement des aidants naturels
Observatoire de la proche aidance et ressources pour les mesures
de CFT
Ordre des conseillers en ressources humaines agréés
Site web du CRHA
Réseau pour un Québec Famille
Une
plateforme web qui met de l’avant des solutions individuelles de CFT